Coup de coeur pour En camping-car d’Ivan Jablonka, un projet littéraire passionnant

Ambiance : souvenirs d’enfance et d’adolescence éclairés d’une lumière jaune sépia, le soleil éclatant des chauds étés, la saveur du sel sur les lèvres, le bruit des vagues, la nostalgie heureuse de doux moments. 

 

Historien de l’enfance, écrivain en sciences sociales, Ivan Jablonka livre avec En camping-car un projet littéraire enthousiasmant : de l’ego histoire. Parti en explorateur de sa propre adolescence, appliquant sur son vécu ses méthodes d’historien et de chercheur en sciences sociales, il fait de ses vacances familiales en camping-car, l’épisode fondateur de son moi devenu adulte, celui d’une génération, d’une époque. À l’instar d’Annie Ernaux, il parle de tous en employant le « je ».

Au fil des voyages au bord de la Méditerranée, l’auteur s’interroge sur l’impact de ces vacances nomades sur la personne qu’il est aujourd’hui, y décelant ce qui est propre à leur famille (l’histoire du père, le parcours de la mère) de ce qui est propre à toute une génération (les vacances à bord d’un combi Volkswagen). L’originalité de ce texte réside dans la nouvelle forme dont il fait preuve pour parler de lui et de la société. Ce n’est ni une biographie, ni une autobiographie, ni de l’histoire, c’est une histoire personnelle, éclairée par l’historien et l’histoire : l’ego histoire.

Cela donne un texte hybride à la frontière du récit et de l’histoire sociale, qui renouvelle le roman d’apprentissage, très émouvant parce qu’il est question d’enfance, du temps qui passe et de l’amour de l’auteur pour son père. Émouvant aussi parce qu’il est adressé à ses trois filles, comme un passage de flambeau, les invitant à aller à la recherche de leur propre liberté.

Découvrez une citation d’ En camping-car, ici. Et si vous avez aimé ce roman, je vous conseille de lire Annie Ernaux, une des voix majeures de la littérature du XXe siècle, dont vous pouvez lire un extrait ici.